mercredi 18 mai 2011

Diké ou l'archiviste

De Jérome Bonneau

L'inspecteur Jonathan Bouvier, surnommé Shark par ses collègues en raison de son tempérament glacial et de son teint blafard, est presque une légende dans la police avec un taux de réussite de 95%.

Il se voit confier une enquête concernant le meurtre d'un violeur, empoisonné dans sa cellule, les organes génitaux tranchés.
Une affaire qui aurait été presque banale, où généralement gardiens et détenus sont complices, si l'on ne tenait compte du mot Δικη tatoué au niveau du cœur de la « victime »
Cependant, ce meurtre est loin d'être un cas de simple vengeance isolé.
D'autres meurtres portant la même signature s'enchainent sans que l'inspecteur ne puisse apercevoir, au premier regard, de liens entre les proies.
Il ne sait pas non plus qu'il est lui même sur la liste de ce mystérieux vengeur.


Bien que je ne soit pas spécialement un grand lecteur de policier, j'ai lu ce livre d'une traite tant l'histoire est prenante et agréable à lire.

Le style est très simple et, loin de se cacher derrière de pompeuses tournures, l'auteur préfère narrer une histoire au fil de son imagination, avec beaucoup de franchise et surement un peu de lui même derrière certains des personnages.

Certes, le thème de l'antihéros, se prenant pour un justicier et appliquant une justice quasi-divine, n'est pas nouveau mais il est bien exploité.
Grâce à cette « divinité » , le tueur se substitue à la justice imparfaite des hommes comme le montre son nom d'emprunt : Δικη
« C'est du grec ancien. Ce mot désigne la fille de Thémis et de Zeux, Diké, déesse de la justice. Elle représente la personnification de la justice morale. »

Contrairement à de nombreux polars, le but de ce livre n'est pas de nous mener à la découverte du tueur, son identité étant révélé dans le titre du livre, mais à la découverte de ses motivations et des secrets de son passé.

Ici, pas de héros parfait en tout et de « méchants » parce qu'il faut bien opposer un ennemi au héros.

Les personnages ont un certain relief et crédibilisent l'histoire.
L'inspecteur ne vit que pour son travail, une véritable drogue, dont il ne décroche pas une fois rentré chez lui, au détriment de sa vie de couple et même de sa vie sociale, réduite au minimum.
« Diké », l'archiviste, de son coté, qui a reçu de nombreux traumatismes au cours de sa vie, saisie sa chance de faire appliquer sa justice, écœuré de tout les crimes « impunis » passant devant ses yeux.

Le livre est rempli de clichés provenant de films d'actions des années 90 (comme L'arme Fatale, Piège de cristal et autres films culte de cette époque) donnant un petit air rétro au livre avec, par exemple, le surnom « Shark », le chef qui passe son temps à hurler, le duo jeune flic – vieux flic, etc...

Au final, c'est un livre très rapide à lire mais qui laisse une très bonne impression.
L'histoire entrainante et le style épuré forment un duo assez efficace.
Je donnerai volontiers un 4/5 à ce nouvel auteur, qui signe avec brio son tout premier roman, et j'attends impatiemment de voir de quelle façon son style évoluera lors de son prochain roman.

Je remercie Les agents littéraires et Les 2 encres, pour cet envoi.

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